La République de Guinée est un pays marqué par une instabilité économique et sociale persistante, ce qui complique le développement des Petites et Moyennes Entreprises (PME). Malgré des ressources naturelles abondantes, le pays fait face à des défis considérables tels qu'un taux de pauvreté élevé, des infrastructures insuffisantes, et une faible diversification de son économie. Ces facteurs contribuent à un environnement économique fragile, limitant les opportunités de croissance pour les entreprises locales.

Les PME guinéennes souffrent souvent d'une gestion inefficace et de l'absence de normes et de standards de performance. La faible capacité de gestion, le manque de transparence financière et l'absence de stratégies claires entravent leur développement et réduisent leur attractivité pour les investisseurs potentiels. Cette situation aggrave la fragilité de l’écosystème, rendant les PME plus vulnérables aux chocs économiques et aux fluctuations du marché.

Sans aucunement occulter la récurrente et lancinante question de la maîtrise des compétences, l'accès au financement est l'un des principaux obstacles auxquels sont confrontées les PME en Guinée. Les banques et les institutions financières locales sont souvent réticentes à accorder des prêts aux PME en raison des risques environnementaux perçus, du manque de garanties et de la faible transparence des pratiques de gestion commerciale et financière quand on sait que 98% des petites entreprises n'ont pas accès à un compte bancaire, ni à un compte courant, ni à un compte d'épargne selon une étude de la SFI portant sur les « données pour la croissance des entreprises» en Guinée réalisée en 2022. En conséquence, de nombreuses PME dépendent des sources de financement informelles, qui sont souvent coûteuses, peu fiables et très hypothétiques. Cette situation altère la perception d’Environ 30% des PME guinéennes qui considèrent l'accès au crédit comme une contrainte majeure.

‘’Moins de 10% des entreprises locales utilisent les institutions financières pour financer leurs investissements. Tandis que moins de 4% des fonds de roulement des entreprises sont financés par les banques. Les PME, comme vous le savez, constituent aujourd’hui un maillon incontournable de l’activité économique en Guinée. En effet, plus de 80% du tissu des entreprises formellement constituées sont des PME, dont la contribution au PIB de la Guinée varie entre 18 et 20%. Donc vous comprenez pourquoi ce sont des partenaires de croissance et pourquoi nous devons tous agir. Les différents acteurs que sont le système financier, le gouvernement et les partenaires au développement, nous devons tous agir afin de nous rassurer qu’ils comprennent le processus, le critère des financements et même la gestion des financements. Ce n’est que sur la base de cette confiance que l’on pourra s’installer dans la durée ‘’, déclarait en 2022, Guy Laurent Fondjo, président de l’Association professionnelle des banques et établissements de crédits de Guinée.

En Guinée, seulement 3,9% des petites entreprises bénéficient d'un prêt bancaire, tandis que 2,5% des petites entreprises et 8% des moyennes entreprises ont accès aux marges de crédit. Pendant ce temps, 92% des investissements sont réalisés sur auto-financement, contre seulement 2,8% provenant des institutions bancaires.

Pour ce qui est des investissements étrangers, moins de 10% des entreprises locales sont en mesure d’accéder à des institutions financières internationales pour financer leurs investissements.

o   Faible Capacité de Gestion : Environ 70% des PME guinéennes n'ont pas accès à des programmes de formation en gestion ou de développement des compétences.

o   Formation et Assistance Technique : Offrir des programmes de formation et de développement des compétences pour les entrepreneurs et les gestionnaires de PME afin d'améliorer leurs compétences en gestion financière et stratégique.

o   Consultation et Mentorat : Mettre en place des services de consultation et de mentorat pour accompagner les PME dans l'élaboration de plans d'affaires solides et la mise en place de pratiques de gestion efficaces.

o   Manque de Transparence Financière : Seulement 15% des PME ont adopté des pratiques comptables reconnues et transparentes.

o   Adoption de Normes Financières : Encourager les PME à adopter des normes et des pratiques comptables reconnues pour améliorer leur transparence financière et leur attractivité pour les investisseurs. 

o   Certification et Accréditation : Faciliter l'accès des PME à des certifications et accréditations (comme ISO 9001) qui renforcent leur crédibilité et leur conformité aux standards internationaux.

o   Fonds de Garantie : Faire la promotion du fonds de garantie des PME et ben faciliter l’accès pour réduire le risque perçu par les banques et encourager les prêts aux PME.

o   Microfinance et Financement Participatif : Développer des institutions de microfinance et des plateformes de financement participatif pour offrir des alternatives de financement accessibles et flexibles.

o   Initiatives Gouvernementales : Le gouvernement peut jouer un rôle clé en lançant des initiatives et des programmes de soutien financier ciblés pour les PME.

o   Collaboration avec les Organisations Internationales : Établir des partenariats avec des organisations internationales pour mobiliser des ressources financières et techniques en faveur des PME.

o   Accès Limité aux Marchés : Moins de 10% des PME ont accès aux marchés publics ou aux contrats de sous-traitance avec de grandes entreprises. 

o   Zones Économiques Spéciales : Créer des zones économiques spéciales avec des incitations fiscales et des infrastructures adéquates pour attirer les investissements étrangers dans les PME.

o   Promotion des Opportunités d'Investissement : Organiser des forums et des salons de l'investissement pour mettre en relation les PME locales avec des investisseurs potentiels.

L'accès limité au financement est une problématique majeure pour les PME en Guinée, exacerbée par un contexte économique et social fragile et un manque de performance en gestion. Toutefois, des solutions pratiques existent pour surmonter ces défis, notamment par le renforcement des capacités de gestion, la promotion de la transparence, la création de mécanismes de financement innovants, le renforcement des partenariats public-privé et l'encouragement de l'investissement étranger. En adoptant ces mesures, il est possible de renforcer la résilience des PME guinéennes et de stimuler le développement économique du pays. 

Mamadou DIOP
Progress Consultants and Partners Sarl